lundi 19 décembre 2011

Article paru le 16 décembre 2011 dans le supplément "entreprises" du Dauphiné Libéré


Droit de l'environnement : Quelle règlementation s’applique à vos déchets ?

 « Le législateur a tout récemment modifié le régime juridique des déchets, par le décret du 11 juillet 2011 (n°2011-828) issu de la Loi Grenelle II du 12 juillet 2010. Un avocat du Barreau de Grenoble, Maître Olivia GAST, répond à nos questions »


Le décret redéfinit les déchets ?

En effet, il redéfinit les catégories de déchets selon leur dangerosité (dangereux, non dangereux, toxiques en quantité dispersées, inertes et enfin ultimes).

Une autre distinction existe entre d’une part les déchets ménagers (dont le producteur est un ménage) et assimilés (ceux des commerçants, artisans, entreprises et industries ne présentant pas de caractère dangereux ou polluant), qui peuvent être pris en charge par la commune selon leur volume et caractéristiques moyennant une redevance spéciale, et d’autre part les déchets d'activités économiques (tout déchet, dangereux ou non dangereux, dont le producteur initial n'est pas un ménage) qui ne peuvent être déposés dans des installations de stockage recevant d'autres catégories de déchets.



Quelles sont les principales nouveautés ?

Le décret consacre l’abandon d'une logique d'élimination en renforçant les obligations relatives à la planification, la prévention et la gestion des déchets.

Le décret incite à la valorisation et au recyclage, permettant aux déchets ainsi traités de perdre leur qualité de déchet et devenir des produits. Ils doivent remplir quatre conditions générales cumulatives ainsi que certains critères spécifiques à chaque déchet.

Le décret prévoit la création de plans de prévention et de gestion des déchets issus de chantiers du BTP. Il instaure aussi une obligation de tri des biodéchets et de collecte séparée en vue d'une valorisation pour tous les producteurs de biodéchets (plus de 60 litres d'huiles usagées ou 10 tonnes de biodéchets par an). Pour le transport, il permet l’application du règlement du 14 juin 2006 sur les transferts transfrontaliers de déchets.



Quid des emballages ?

Le décret précise leurs définition, conception et fabrication. L’écoconception est notamment consacrée afin de limiter les déchets d’emballages. Les commerçants, les artisans et les petites entreprises ont l’obligation de faire valoriser leurs déchets d'emballages. Il est prévu que cela peut être fait au moyen d’une cession par contrat à une installation agréée ou à un intermédiaire. Cependant, en dessous d'un volume hebdomadaire de 1100 litres, ils peuvent les faire prendre en charge par la collectivité, si celle-ci les accepte.

Le décret modifie enfin un certain nombre de dispositions relatives aux piles et accumulateurs usagés, aux déchets de pneumatiques et aux DEEE.



Quand ces règles seront-elles applicables ?

Pour la plupart elles le sont depuis le 13 juillet 2011. Certaines dispositions spécifiques aux transporteurs, au stockage et aux garanties financières entreront en vigueur le 1er juillet 2012, et celles relatives à la planification de la gestion des déchets en situation exceptionnelle seront en vigueur le 1er janvier 2013.

Le tri des biodéchets entrera en vigueur progressivement entre 2012 et 2016 et concernera les secteurs d'activité suivants : commerce alimentaire, restauration collective, entretien des espaces verts et industrie agroalimentaire.



Quid des Déchets d’Equipement Electronique et Electrique (DEEE) ?

Les DEEE professionnels mis sur le marché après le 13 août 2005 sont déjà directement pris en charge par les producteurs, ou par un contrat avec un éco-organisme. Le nouveau texte y ajoute leur réutilisation et recyclage. Un « projet de décret relatif à la gestion des DEEE et portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire », en consultation publique sur le site du ministère jusqu’au 6 décembre 2011, prévoit que les opérateurs qui traitent les DEEE professionnels sont tenus de passer des contrats avec les éco-organismes agréés et avec les producteurs ayant mis en place des systèmes de collecte approuvés. S’ils ne le font pas, le projet de décret prévoit des sanctions allant jusqu’à 3.750 € (pour une personne morale) par tonne. A suivre…





Publié dans le supplément « entreprises » du Dauphiné Libéré du 16 décembre 2011.